Spot Waste : “J’avais besoin de créer quelque chose de physique et de concret”
Aujourd’hui nous découvrons Axel, créateur de la marque Spot Waste. Enceintes, décapsuleurs ou encore tableaux, l’artiste utilise comme matière première des planches de skateboard usagées afin de nous plonger dans son univers.
Qui se cache derrière Spot Waste ? Raconte-nous ton parcours.
J’ai fait des études dans l’audio-visuel et dans l’événementiel puis j’ai travaillé six ans dans ce milieu des concerts et festivals. J’ai décidé de tout arrêter car j’avais besoin de créer quelque chose de physique et de concret. C’est en travaillant dans une cave à vins biologiques en 2015 que j’ai découvert le travail matériel et cela m’a donné conscience que je pouvais créer des objets de mes propres mains.
Comment t’est venue l’idée d’utiliser comme matière première des skates endommagés ?
En 2011, j’ai découvert l’artiste japonais Haroshi lors de l’exposition Public Domaine à la Gaîté Lyrique. C’est en regardant ses œuvres que j’ai réalisé que ces matériaux me correspondaient parfaitement et que je voulais utiliser cette base pour créer mon propre concept. Le travail d’Haroshi a été pour moi une révélation, une évidence.
Quelle place occupe l’écologie dans tes créations ?
Je ne fais pas de l’écologie le cœur de mon projet car mon ambition première était de mettre en avant la “culture skate”. Pour moi l’écologie est un thème évident de notre société actuelle, prendre compte de l’aspect écologique dans un projet en 2020 est tout à fait normal et logique. L’important à mon sens est que les créations gardent l’aspect des skates. Je veux garder au maximum les rayures car je trouve que l’usure d’un skate révèle son vécu et en fait sa beauté.
La plupart de tes créations sont en rapport avec le son et l’ambiance street qui l’accompagne, faisais-tu partie de cet univers initialement ?
Je fais du skate depuis que j’ai dix ans et je travaillais dans l’événementiel et l’audio-visuel. Cette culture, je l’ai vécue et j’ai suivi son évolution. La musique est très importante dans la culture skate car elle a permis à des groupes de se faire connaitre. Les deux sont pour moi complètement liés et j’ai vécu les débuts des lecteurs Mp3 qui ont permis de faire du skate en écoutant de la musique. Mon adolescence était constituée de balades en skate dans Paris avec de la musique dans les oreilles. J’ai allié mes deux passions en créant des enceintes à base de planches.
Spot Waste s’est fait connaître grâce à nos enceintes. Avec la matière première qui est le skate, il est possible de faire une multitude d’objets. J’ai décidé de mélanger la culture street et l’art. La plus importante problématique pour moi a été de faire comprendre au public que les enceintes étaient de l’art et non un produit de consommation. C’est en créant des tableaux à partir de skates que j’ai commencé à être reconnu en tant qu’artiste.
Quels messages souhaites-tu faire véhiculer dans tes créations ?
Je souhaite lier tous les acteurs de ce monde du skate. J’utilise des objets d’artisanat pour parler de cette culture et montrer que ce n’est plus une culture underground. Les graffeurs, le rap et le skate ne sont plus des activités liées à la délinquance, ce sont maintenant de vrais tremplins. Toutes mes créations sont liées à cette culture dans le but de lui faire honneur. C’est aussi la mentalité du “Do it yourself”, une culture créative qui n’attend pas l’aide des autres pour inventer.
Finalement je pense que mes créations se définissent par trois mots : Musique, liberté et indépendance.
Où trouves-tu toutes ces planches ?
Je trouve les planches à partir d’un réseau que j’ai monté au fil des années. Il est composé de 90% de partenariats collaboratifs avec des skate shops lyonnais et parisiens et de 10% de skateurs. Cela me permet d’avoir un réel choix dans les coloris et ainsi d’être libre sur l’aspect visuel de mes créations.
Pour créer une enceinte, j’ai besoin d’environ 6 planches et pour un tableau de 15 planches.
Quelle est ta marque de fabrique ?
La marque de fabrique Spot Waste se présente sous la forme de carreaux. Ces carreaux font référence aux métros parisiens. L’ironie de la situation est que j’ai quitté Paris à une époque à cause du temps passé dans le métro et j’ai créé des carreaux en forme de ceux des métros parisiens. De plus, c’est la manière de confectionner où j’ai le moins de chute à la découpe.
As-tu des projets en cours ou dans un futur proche ?
Je suis en train de préparer mon retour sur Paris en aménageant mon atelier parisien et je prépare une exposition avec le skate shop NozBone pour avril 2021.
Découvrez les créations de Spot Waste sur sa page Instagram
Propos recueillis par Eléonore Prunevieille
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